La transformation numérique de l’économie va-t-elle créer une crise sociale ?

La transformation numérique de l’économie va-t-elle créer une crise sociale ?

Vascoo-UP

2/6: Quels sont les emplois perdus et ceux créés par la transformation numérique de l’économie ?

L’article « Les créations d’emplois seront-elles aussi nombreuses que les destructions : le paradoxe de Solow ? » montre que nous devons nous attendre à une perte d’emploi globale progressive au fur et à mesure de la transformation numérique de l’économie. C’est une évolution différentiée, certaines entreprises seront au contraire créatrices d’emplois. Par contre dans tous les cas les emplois de demain seront notablement différents des emplois d’aujourd’hui.

Identifier les emplois qui vont disparaître

Tous les emplois ne vont pas disparaître pour être remplacés par des armées de développeurs, les évolutions sont néanmoins importantes et parfois inattendues. Plutôt qu’une liste d’emplois déclinants ou émergents forcément partielle et partiale, cet article se penche sur les grandes tendances.

Comme cette transformation est variable en fonction des entreprises, ces tendances fortes peuvent être transposées dans les différents environnements.

Les métiers menacés ou en réduction

robot-penseur1Dans les 20 prochaines années de nouveaux métiers vont être impactés et notamment ceux considérés comme « intellectuels ».

« Si vous faites deux jours de suite le même travail demandez-vous quel logiciel le fera le troisième jour », cette maxime est un peu exagérée, mais de moins en moins…

L’arrivée des chatbots et du machine learning permettent d’envisager le remplacement d’un nombre croissant de métiers par des logiciels. Le remplacement des métiers intellectuels ne relève plus de la futurologie mais du présent.

Un des premiers exemples d’ampleur dans ce domaine est Ross qui fait un travail auparavant réalisé par des avocats. Il a déjà été adopté par des grands cabinets qui ont réduit d’autant le travail confié à des avocats junior. Baker and Hostetler en ont été les initiateurs(1) .

Le potentiel du machine learning est encore inimaginable, il permet potentiellement de remplacer presque tous les métiers intellectuels à terme et introduit des questions éthiques loin d’être résolues (Google, Facebook, Microsoft, IBM et Amazon ont constitué un partenariat pour définir les bonnes pratiques éthiques (2)). A moyen terme il ne touchera que des fonctions relativement simples, c’est ce qui est pris en compte dans cet article. Le long terme est impossible à prévoir aujourd’hui.

Parmi les métiers concernés ont peut citer :

  • La conduite, pas seulement des voitures mais des camions, des engins de chantier, des machines, des matériels de manutention…
  • Les interactions simples comme les centres d’appel et bientôt la télévente. Le test de Turing est sur le point d’être réussi, il ne sera très bientôt plus possible de savoir si nous conversons avec une humain ou une machine
  • Les fonctions commerciales qui ne sont pas forcément supprimées mais au minimum transformées, tout l’amont du cycle de vente s’anonymisant progressivement
  • Les fonctions de production qui seront impactées par l’usinage additif (connu aussi sont le nom d’impression 3D)
  • L’essentiel des postes de back office et d’organisation de la logistique
  • … et beaucoup d’autres

Une approche réaliste est pour chaque métier est de se demander s’il existe une possibilité de le voir remplacer. Si cette possibilité existe le remplacement aura lieu et peut-être plus vite qu’on ne l’imagine.

Identifier les métiers qui vont être créés

C’est encore plus difficile que d’anticiper ceux qui vont disparaître. Il est également possible de s’appuyer sur des tendances de fond.

On pense bien entendu à des métiers de service à la personne, médicalisés ou non, renforcés par le vieillissement de la population. C’est vrai mais le monde de demain ne se réduira pas à des personnes dépendantes assistées par celles qui sont valides, en tous cas on peut l’espérer !

A moyen terme (10-20 ans) les pistes sont identifiables :

  • Le marketing et la communication se développent avec une ribambelle de fonctions existantes ou nouvelles
  • Les domaines de l’art et de la création restent (pour l’instant) le domaine des humains. Ils ne doivent pas être économiquement négligés. Il ne faut pas oublier qu’en France le domaine de la mode pèse plus lourd que l’automobile et l’aéronautique additionnés (3).
  • Le sport et le spectacles (le second se rapprochant du premier) ont aussi un poids économique croissant
  • L’économie collaborative créée de nouveaux emplois, parfois précaires, ce thème sera développé dans un prochain article
  • L’analyse des données et leur valorisation nécessitent des postes spécialisés
  • « Every company is a software company » conduit à rechercher des développeurs et nous n’en sommes qu’au début

Ces tendances ont des limites, elles ne permettent que d’apprécier l’ampleur du mouvement pas d’en déduire des conséquences opérationnelles au niveau de chaque entreprise.

Pour cela, il ne faut pas partir de l’emploi mais de la stratégie de transformation de l’entreprise. En analysant l’impact des nouveaux possibles induits par la transformation numérique sur son secteur, ses clients et son entreprise, on construit une stratégie de transformation à moyen terme. C’est cette stratégie qui détermine les emplois qui vont être créés et ceux qui sont menacés.

C’est un autre exemple de la nécessité d’avoir une vision à moyen-long terme, de la formaliser et de la partager avec les collaborateurs de son entreprise pour que la transformation numérique soit une opportunité et pas une contrainte.

Pierre François
P-DG Vascoo UP
Linkedin

(1) (1) AI Lawyer “Ross” Has Been Hired By Its First Official Law Firm
(2) Intelligence artificielle : les géants du Web lancent un partenariat sur l’éthique
(3) L’industrie de la mode revendique 1,7% de PIB, plus que l’automobile et l’aéronautique

Cet article ne traite que des emplois perdus ou créés. Quatre prochains articles aborderont les thèmes suivants :

  • Comment identifier les compétences pour occuper les emplois de demain ?
  • Comment la sécurité de l’emploi va-t-elle évoluer et va-t-on vers un Germinal 2.0 ?
  • L’avis d’un panel de dirigeants d’entreprises sur cette série d’articles
  • Les solutions préconisées par un panel de dirigeants d’entreprises

Une seconde série d’articles traitera des solutions à mettre en œuvre.

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