Quelles opportunités avec l’Open Data ?

Quelles opportunités avec l’Open Data ?

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A l’instar des pays anglo-saxons, le mouvement d’open data en France a été initié dans la vie publique, au niveau de l’Etat (data.gouv.fr), des collectivités locales (Rennes, Paris) et territoriales, puis d’autres acteurs (INSEE, CNIL). Il a suivi dans les entreprises, mais concerne principalement les grands groupes et les startups qui se développent dans ce domaine.

Toutes les entreprises doivent publier leurs données financières, cependant aucune obligation ne pèse sur elles quant à une ouverture de leurs données en général. Pour une entreprise, ouvrir ses données relève donc d’un choix, et donc d’une stratégie.

Pour quoi faire ?

Ouvrir ses données requiert de bien réfléchir à la finalité de l’opération, au contenu publié, à la manière de faire et à l’impact pour l’entreprise.

  • Pourquoi :

Dans quel but ouvrir les données ? Quel est l’objectif recherché ? Recherche-t-on un bénéfice en termes d’image, de réputation (une entreprise transparente, qui communique, qui coopère), en termes d’innovation (développer des services ou produits innovants autour de l’ouverture des données, s’associer avec de nouveaux partenaires pour développer un « écosystème innovant »), en termes marketing (améliorer la satisfaction client, mieux comprendre ses clients, se différencier de ses concurrents), en termes commerciaux (développer de nouvelles affaires) ? S’agit-il également d’améliorer la qualité de ses données ?

L’open data peut permettre de développer de nouveaux usages dans les entreprises, par exemple dans les services marketing (améliorer la connaissance de la cible et la segmentation), commerciaux ou logistique (visualisation cartographique des clients, données sur le trafic en temps réel et donc sur les délais de livraison, etc.).

  • Comment :

Sous quelle forme ouvrir les données ? Sous une forme gratuite, payante ? S’agit-il de partager de l’information directement avec ses clients, ou bien avec ses partenaires, ou encore avec ses concurrents ? S’agit-il d’ouvrir d’emblée toutes les données que l’on souhaite mettre à disposition, ou de les ouvrir progressivement ? Comment communiquer par ailleurs autour de l’ouverture des données ?

  • Quoi :

Enfin, quelles données mettre à disposition ? Sur ce point, deux aspects sont à prendre en compte : les types de données à ouvrir (techniques, marketing, environnementales etc.), et la qualité des données fournies (complètes, précises, vraies et à jour). Sans oublier une réflexion sur l’impact ou sur les risques de l’ouverture des données pour l’entreprise.

L’ouverture des données, apanage des grands groupes ?

La majorité des entreprises ayant ouvert leurs données sont des grands groupes du ou issus du service public : dans le domaine du transport et de la mobilité, la plateforme dédiée à l’open data de la SNCF[1], avec 200 jeux de données ouvertes depuis avril 2017, fait du groupe ferroviaire la première entreprise en France en matière d’open data. La plateforme propose des données sur la régularité mensuelle et les horaires des différents types de train, sur les incidents de sécurité, les services d’attente en gare, le temps de travail annuel à la SNCF depuis 1851, le trafic voyageurs ou encore la carte de restauration des bars TGV. La RATP, quant à elle, propose 22 jeux de données sur le trafic, les horaires, la qualité de l’air, les commerces de proximité RATP ou même les toilettes publiques dans le réseau[2].

Dans le domaine de l’énergie, EDF a lancé des plateformes d’open data pour la Corse et les territoires d’Outre-mer[3]. La démarche vise à mieux comprendre le fonctionnement des systèmes électriques insulaires et la consommation d’énergie dans ces territoires, en vue d’y favoriser la transition énergétique. Enedis (anciennement EDRF) a également lancé sa plateforme d’open data[4], de même que le réseau de transport d’électricité RTE[5], ou encore le distributeur de gaz GRDF[6].

Parmi les grands groupes pratiquant l’open data en France, on peut citer encore la Poste avec sa plateforme DataNOVA[7], ou la BPCE dans le domaine bancaire[8].

Ces projets de mise à disposition des données aux clients se font généralement dans le cadre d’un partenariat avec une start-up spécialisée dans l’open data (comme OpenDataSoft). Mais les entreprises peuvent également ouvrir leurs données à des partenaires (startups, développeurs) pour le développement d’autres services. Par exemple, la SNCF s’est associée à la start-up Snips pour développer l’application Tranquilien[9], qui indique les trains dans lesquels les places assises disponibles sont les plus nombreuses. La SNCF comme d’autres propose d’ailleurs des API à destination des développeurs, en plus des jeux de données.

Et pour les PME ?

Si l’ouverture des données internes n’est pas à l’ordre du jour pour de nombreuses PME, celles-ci peuvent tirer profit de la quantité de données déjà ouvertes, de source publique ou privée, pour améliorer leur connaissance de certains secteurs ou de leurs clients.

A côté de cela, de nombreuses start-ups ont émergé grâce à l’ouverture des données publiques ou privées, soit en vue de développer des jeux de données (Data Publica) ou des plateformes (OpenDataSoft), soit pour proposer des applications diverses : Homengo[10], qui centralise des annonces immobilières et diverses informations sur les quartiers (présence d’écoles, de commerces, etc.) pour aider à la recherche de logement ; VroomVroom.fr[11], comparateur d’auto-écoles, Kel Quartier[12], qui rassemble des informations sur les quartiers des différentes communes de France, ou encore Moovit[13], startup israélienne qui a développé une application pour les transports en temps réel, notamment dans la ville de Nice. Toutes se basent au moins en partie sur de l’open data.

Pour les PME qui n’ont ni les moyens d’ouvrir leurs données, ni de développer des applications, ni de faire un business de l’open data, une solution est d’échanger des données avec des partenaires ou des fournisseurs. Par exemple, la biscuiterie Poult a mis en place en 2011 un projet d’échange de données de marché avec d’autres producteurs de l’industrie agroalimentaire, dans le but d’accroître et d’améliorer sa connaissance (sur la saisonnalité, l’évolution des goûts et des usages des consommateurs par exemple). Ce type d’échange entre entreprises est une forme d’open data plus restreinte, car limitée à quelques partenaires, mais qui peut être très utile pour une PME[14] . A chacune de voir comment tirer profit de ses données et de celles des autres.

Amélie Bonnet
Consultante

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[1] https://ressources.data.sncf.com/explore/?sort=modified
[2] https://data.ratp.fr/explore/?sort=modified
[3] Lien vers la plateforme principale : https://opendata-corse-outremer.edf.fr/pages/home/
[4] https://data.enedis.fr/explore/?sort=modified
[5] https://rte-opendata.opendatasoft.com/explore/dataset/cdc_conso/?disjunctive.qualite
[6] https://opendata.grdf.fr/pages/accueil/
[7] https://datanova.laposte.fr/page/accueil/
[8] https://bpce.opendatasoft.com/explore/?sort=modified
[9] http://tranquilien.com/
[10] https://homengo.com/
[11] https://www.vroomvroom.fr/
[12] http://www.kelquartier.com/
[13] https://moovitapp.com/?utm_source=Moovit_for_web&customerId=4908
[14] Livre blanc – Open Data : Quels enjeux et opportunités pour l’entreprise ?, p.44-45 : https://fr.slideshare.net/Bluenove/livre-blanc-bluenoveopendatapourlentreprise